Photographe industriel
Romain Beaumont, photographe industriel et dirigeant de GIVE Prod réalise les commandes de campagnes en photographie. Il a l’habitude de répondre aux cahiers des charges de tous commanditaires : industriels du métal et de la mécanique, de l’industrie pharmaceutique, du nucléaire, du secteur alimentaire, de la défense militaire, de l’énergie, de l’électronique…
Il a rédigé ce texte sans ai.
Dans cette page nous allons évoqué le travail de photographe professionnel dans son aspect général (son regard, sa relation au client), puis le travail spécifique de photographe industriel (image de l’entreprise, connaissances et savoir-être, les différents besoins des entreprises).
Photographe professionnel : la construction d’un œil
Le ou la photographe professionnel.le a un statut d’artiste d’auteur /autrice, on dit de cette personne qu’elle a un œil, un regard, une sensibilité. Nous autres photographes (pro ou amateurs) regardons attentivement le monde en terme de sujets potentiels, de contrastes, de lignes et compositions, d’harmonie et opposition des couleurs. Lorsqu’un sujet est identifié, on va lui donner une forme, se déplacer pour choisir l’angle de la lumière ou changer notre arrière-plan. Je me suis personnellement formé à la photographie de façon quasi autistique, en déambulant pendant des heures dans Rennes puis Orléans, cadrant mentalement des milliers de fois en utilisant angles de bâtiments et trottoirs, taches de lumière, reflets dans les flaques… Je cadrais plusieurs milliers de fois, et déclenchais 10 à 15 fois. Je me méfie de la tournure de mon article car quand je commence à parler de moi c’est pas bon signe !
Le photographe industriel : une attitude, des connaissances...
Je reprends mon fil en abordant rapidement l’aspect technique et matériel. Rapidement car vous trouverez des myriades d’avis sur le sujet. Le pro a besoin d’un matériel qui résiste à un travail de plusieurs heures sans fatiguer, qui donne les résultats attendus (exposition, chromie, netteté…). On sélectionne son matériel en fonction de nos sujets, et pour ma part qui travaille le plus souvent sur du sujet humain en entreprise, je privilégie le très grand angle, car j’aime être très proche de mes sujets.
L’expérience permet aux photographes de gagner du temps, de savoir où chercher. Une anecdote qui illustre ce propos : J’avais 27 ans et en formation éducateur de jeunes enfants, je travaillais en centre de vacances pour les orphelins d’Auteuil, je venais tout juste de découvrir la photo et faisait quelques portraits des enfants. Un photographe est venu pour illustrer le magazine de l’association. Il est venu saluer le groupe d’enfants avec lequel je me trouvais. Une petite fille avait trouvé un escargot. Il lui a demandé de lever l’escargot au niveau de ses yeux, il s’est accroupi et a shooté, puis a tourné légèrement autour de la fille et de son escargot et a déclenché encore plusieurs fois. Il s’est levé a dit merci et est reparti, il avait sa couverture du mag ça avait pris 5 minutes montre en main !
Photographe est un métier de relations : avec nos sujets et nos clients. Une erreur classique du jeune photographe est de livrer des photos ultra stylisées mais inutilisables pour le client : une responsable communication d’une chaine d’hôtel avait précisé dans son brief : je veux des photos nettes !
Photographe professionnel signifie travailler pour d’autres, il s’agit donc de bien écouter et de bien comprendre la demande. Voici une liste de besoins identifiés chez les industriels, je terminerai par le plus récurrents et le plus riche : le reportage « humain ».
Les différents travaux en photographie industrielle
- Portraits : portrait pour illustrer un article métier, portrait classique du D.U., série de portraits de tous les salariés d’un site (LinkedIn, badge, signature mail), ou simplement portraits de salariés pour illustrer des sujets, de la communication classique
- Campagnes de communication : imaginée par une agence ou le service comm, le photographe vient construire l’image attendue, propre a recevoir le texte décidé à l’avance ci-dessous campagne incivilités sur un CNPE EDF
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- Bâtiments industriels
- Showroom / produits
- Evènement (visite de personnalités, journée familles, inaugurations et anniversaire…
- Drone
- Visite virtuelle : utile pour représenter les lieux sous une forme ludique, mais aussi adaptée à la technique, pour présenter un banc d’essai par exemple. Réalité virtuelle également utilisée pour des lieux mais surtout pour des gestes de formation notamment.
Bâtiments industriels / Visite virtuelle
Evénements
Showroom / Produits / Packshot
Photographe industriel : rencontrer des hommes et des femmes qui
travaillent
J’étais éducateur avant de venir photographe, j’ai étudié la psychologie, la psychanalyse, la psychopédagogie et la psychosociologie, et j’ai surtout rencontré beaucoup de beau monde : des bébés, des enfants trisomiques, des adultes polyhandicapés, d’autres déficients, des enfants placés en famille d’accueil, des demandeurs d’asile. J’ai appris à « rencontrer l’autre » quel qu’il soit : président ou pauvre.
Aujourd’hui lorsque je vais au devant des personnes dans les usines pour leur demander de les photographier, je n’ai pas de difficultés à entrer en contact : je ne mens pas, le respect que je leur porte est palpable, je ne porte aucune forme de condescendance. Le contact créé, si le temps et l’activité permet de prendre 5 minutes, je les associe à la prise de vue : ils reproduisent le geste plus lentement ou encore me propose un autre geste, une autre activité.
Photographe industriel : des savoir-être et des savoirs
Depuis 10 ans de photographie industrielle : j’ai collaboré avec des Pme de la logistique, du plastique, de la chimie ou de la métallurgie, des entreprises du patrimoine vivant aux savoir-faire d’exception, et des grandes entreprises aux sites industriels de plusieurs milliers de salarié.es. En voici quelques uns ci-dessous.
Souvent mes commanditaires me disent : « on veut valoriser le travail, l’humain » et d’autres disent simplement « on veut de la belle image ». (je présenterai ici une liste de besoins en images chez des industriels)
LA FORCE DE l'IMAGE
La force de l’image est de transmettre en un clin d’œil, façon implicite, des messages qui mériteraient des discours didactiques. Dans une photo bien construite sont inclus les messages suivants : notre entreprise est dans l’excellence, nous soignons notre travail comme notre image, nous ne laissons rien au hasard, nous sommes à la pointe.
Au-delà du message d’excellence, un autre champ est abordé, plus humain plus concret, parfois plus technique : les images présentent le travail réalisé. Elles présentent des salariés concentrés au travail, visiblement compétents, sûr.es, pratiquant les contrôles qualité, respectant les règles de sécurité, notamment le port des EPI.
Aujourd’hui l’une des premières exigences d’un site industriel est la sécurité des salariés, voire son bien-être, sa valorisation. De là au RSE il n’y a pas qu’un pas : on est complètement dedans !!
Les savoir-être du photographe industriel
J’arrive aujourd’hui sur un site industriel avec mes chaussures de sécurité aux pieds, un casque sous le bras, des manches longues même s’il fait 40 °, des gants et des bouchons d’oreille dans le sac photo. La sécurité est un enjeu majeur sur un site, le visiteur ne doit pas être un risque pour lui ou les autres. Le photographe industriel maitrise ces concepts, il sait rédiger son analyse de risques, il sait se comporter sur un site industriel Lors de ses prises de vue, il ne pose pas ni n’abandonne son matériel n’importe où, il prend garde dans ses positions et déplacements, il interroge toujours et ne prends pas d’initiative hasardeuse comme par exemple monter en hauteur. Je suis aujourd’hui habilité pour circuler et travailler de façon autonome sur les centrales nucléaires de France. Les chargés de communication apprécient : je connais les lieux, je n’ai plus les aprioris et donc n’ai pas peur, je respecte les règles à la lettre, ils sont tranquilles.
Photographe industriel : les connaissances
Je ne vais m’étaler sur le sujet car c’est sommaire mais significatif pour être dit : le photographe industriel comprend (grossièrement certes) l’usine, il a des notions sur ce qu’est un service productions, RH, sur la logistique et la Supply Chain. Il sait ce qu’est une ligne de production. Ces précisions auront d’autant plus d’importance lorsque nous parlerons de films métiers et d’interviews.
Photographie et RSE (c’est l’ancien éducateur qui parle)
Utiliser l’image de ses salarié.e.s pour présenter la “famille” entreprise est monnaie courante depuis cette vaste campagne de la RATP fin des années 1990, et c’est très régulièrement que nos portraits au travail sont affichés parfois dans des formats immenses, dans les usines. Malgré l’omniprésence des images, mais aussi des photographes et vidéastes sur les lieux de travail, l’impact de prises de vue bien amenées à un impact humain fort. Malheureusement, dans notre époque de mesure d’efficience, il est souvent bien difficile de quantifier l’impact, il faudrait pour cela une enquête sociologique avancée.
Comme je le disais dans le titre je suis un ancien éducateur, avec 15 ans de métier dans le travail social auprès de personnes en difficultés sociales. J’ai conservé de ce premier métier la compétence de non jugement, qui me permet de communiquer aisément avec des personnes et travailleurs de tout niveau social. J’aime a conter cette expérience : je travaillais à la faïencerie de Gien pour rassembler des images destinées à présenter leur process de fabrication. Étant une entreprise du patrimoine vivant, il y a toute l’année des photographes et vidéastes qui photographient et filment les salarié.e.s de l’usine. Logiquement, beaucoup me posait cette question : c’est pour quel magazine ? Je répondais avec enthousiasme que mes commanditaires était la direction de l’usine, et expliquait leur volonté de présenter la qualité de leur travail.
L’accueil de cette précision était chaque fois très chaudement accueillie, j’ai vu chaque fois les visages s’éclaircirent !
Je crois depuis longtemps à l’impact d’une bonne campagne photo sur la vie collective d’un lieu de travail tant au niveau de l’estime des salariés, en leur faisant sentir que leur travail est reconnu, apprécié et indispensable, que sur le renforcement de l’identité collective. Sur ce dernier point il existe de nombreuses manières de fédérer des salariés, souvent autour de loisirs sport ou soirée. Chez GIVE productions, nous voulons intégrer des salariés à la réalisation de films sécurité, convaincu que l’exercice QHSE sera phare !
